Juifs Tunisiens

Les juifs de Sousse: Histoire, origine, communauté, synagogues

A la veille de la seconde guerre mondiale, l’antisémitisme prôné par Hitler et Mussolini fait écho en Tunisie aussi.
Les établissements culturels et les maisons de commerces italiens reçoivent pour consigne de révoquer leurs agents juifs.

La communauté juive marque pourtant son soutien profond à la France entrée en guerre. En mars 1940, le grand rabbin de Tunisie demande à ses fidèles de placer leurs économies en bons d’armement.
Mais lorsque la défaite française fut achevée, les lois anti-juives de Vichy (loi Alibert de juin 40 et Vallat de juin 41) promulguées, de nombreuses exactions furent commises contre les juifs associés dans la propagande nationaliste aux causes du naufrage.
Cependant la communauté juive n’imagina pas que la France des droits de l’homme puisse attenter à leur dignité et à leur liberté.

Pourtant, malgré ses éternelles hésitations, l’amiral Estéva, le résident général, dut se plier aux ordres de Vichy, tout comme le Bey. Et les juifs de Tunisie furent renvoyés de leurs fonctions et contraints au travail obligatoire.

Lorsque les Allemands débarquèrent en Tunisie en novembre 1942. les principales personnalités de la communauté juive furent arrêtées.
Les italiens de leur côté demandèrent aux autorités allemandes de ne pas toucher aux juifs de nationalité italienne qui furent dispensés du port de l’étoile jaune et du travail obligatoire.

La Grande Synagogue De Sousse Medina

Le 9 décembre plus de 1700 juifs de tout âge furent conduits sur le front et affectés au travail obligatoire.
Un comité présidé par Moïse Borgel (président de la communauté israélite de Tunis) et Paul Ghez avait la lourde tâche de représenter la communauté juive et d’organiser son esclavage.

Le comité organisa alors le  recrutement et le transfert des travailleurs, un impôt contrôlé par les allemands permettait de subvenir à ses besoins financiers (nourritures, soins, transports, salaires).

A Sousse, l’Oberscharfuhrer Best fut chargé du contrôle de la communauté juive.
Tous les hommes âgés de 18 à 50 ans furent contraints de travailler.
Réunis tous les matins à la caserne Ardant du Picq, ils étaient ensuite conduits vers leurs chantiers, le plus souvent sur les quais endommagés par les bombardement alliés.
Le port de l’étoile jaune fut obligatoire pour ces travailleurs.

Les allemands de Best voulurent ensuite rassembler dans un vaste camp de concentration tous ces hommes et exigèrent de G. Binhas, le représentant de la communauté juive de Sousse de leur présenter sous quatre jours un plan de recasement, ce qu’il ne fit pas, arguant d’un problème de traduction.
Best exigea alors le port de l’étoile jaune pour tous les juifs de plus de six ans, ce qui ne se fit pas non plus.

Avec l’avancée des troupes de libération, l’étau se desserra progressivement transformant les anciens tortionnaires en pilleurs. A Sousse, plusieurs amendes furent exigées par l’autorité allemande dont une de 15 millions de francs en mars 1943 payable sous huit jours et en compensation des désertions de travailleurs.
Les soldats réclamaient bijoux et biens de luxe à une communauté contrainte de les leur céder.

La souffrance de la communauté juive de Tunisie ne cessa qu’avec la victoire des alliés en mai 1943. Celles des juifs de Sousse, un peu plus tôt, le 12 avril 1943 avec la libération de leur ville. Mais certains parmi eux n’eurent pas le bonheur de voir s’enfuir leurs tortionnaires.
A leur mémoire fut érigé un monument commémoratif.

Avec la fin des hostilités, commence une période de joie de vivre pour l’ensemble de la communauté juive de Tunisie qui participe pleinement à toutes les activités du pays.

A l’accession de la Tunisie à son indépendance en mars 1956, Habib Bourguiba choisit André Barouch comme ministre de la Planification et de la Reconstruction mais il ne resta en poste qu’une année. Dans les faits, au quotidien les choses ont bien changé, le contexte international, les tension israélo-palestiniennes (1967 – Guerre des six jours) poussent une grande partie des membres de la communauté juive de la ville à partir.

Beaucoup de juifs quittèrent Sousse pour choisir après tant et tant de siècles passés en Tunisie, avant même l’arrivée des musulmans, de s’installer en France pour beaucoup, en Israël ou Amérique ou encore au Canada pour bien d’autres.

La synagogue Kether Torah de SOUSSE

En 1946 la communauté juive de la ville comptait 3,530 environ. En mai 2006 il ne restait de cette grande communauté que 36 personnes y compris vieux et enfants. De toutes ses nombreuses synagogues y compris « La Grande Synagogue », il n’en reste qu’une seule: La synagogue « Keter Torah », fondée par le rabbin Youssef Guez Zal (1860-1934), natif de la ville de Sousse, grand rabbin de Sousse (1906-1928) et qui devint sous le protectorat français, le premier grand rabbin autochtone de la Tunisie (1928-1934).

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