Les Turco-tunisiens, également connus sous le nom de Turcs de Tunisie ou de Turcs tunisiens (arabe : أتراك تونس ou turc : Tunus Türkleri), sont les Tunisiens descendants des Turcs et janissaires ottomans qui formaient un groupe en Tunisie.
En 1534, avec environ 10 000 soldats, l’Empire ottoman prend le contrôle et s’installe dans la région, après que les habitants aient demandé leur aide en raison de craintes que l’Empire espagnol les envahissent. Dès lors, pendant la domination ottomane, les Turco-janissaires colonisent et dominent la vie politique de la régence de Tunis pendant des siècles. Par conséquent, le profil ethnique de la Tunisie change avec la migration des janissaires et Turcs d’Anatolie et le l’apparition des Kouloughlis, peuple au sang mélangé européen et tunisien. Au nord du cap Bon, la ville de Hammam Ghezèze (« bain d’Oghuz ») est peuplée de descendants d’Oghouzes (Ghezèze étant l’équivalent de ce terme en arabe tunisien).
Démographie
Les familles d’origine janissaire ou turque vivent principalement près des villes côtières telles que Tunis, Mahdia, Hammamet et les îles (telles que Djerba), bien que beaucoup vivent également dans le centre de la Tunisie.
Les Kouloughlis (du turc : kul oğlu « fils de serviteur »2 forment un groupe social d’Algérie, de Tunisie et de Libye, jadis provinces autonomes de l’Empire ottoman : les régences d’Alger, de Tunis et de Tripoli. Il s’agit de personnes issues d’unions entre des Ottomans, souvent des janissaires, et des femmes maghrébines locales. Bien que la traduction de kul oğlu en « fils d’esclave » ait été avancée, le terme n’a pas de connotation péjorative, ce serait même le contraire, tant était grand le prestige de l’Empire ottoman et de ses représentants.
À la fin du xixe siècle, les Français ont classé les indigènes d’Afrique du Nord comme « arabes », « berbères » ou « juifs », simplifiant ainsi la diversité bien plus complexe de ces populations, qui avaient aussi des racines andalouses, turques, kouloughlies ou subsahariennes.
Bien que le terme « oğlu » signifie « fils », la population d’ascendance ottomane d’Afrique du Nord n’était pas uniquement composée d’hommes. En effet, des femmes anatoliennes de langue turque ont également migré vers la région et épousé des hommes indigènes. Cette élite d’origine turque a un profond sentiment de respect pour l’Empire ottoman, sentiment renforcé pendant la guerre italo-turque.
Bien que le Maroc ait été un sultanat indépendant de l’Empire ottoman, quelques familles d’origine khouloughli sont également répertoriées dans l’est du pays, surtout à Oujda qui a connu épisodiquement des phases d’occupation ottomane pendant les nombreuses guerres entre les dynasties chérifiennes et les Turcs. De plus, des interactions anciennes et importantes (migrations humaines, influences culturelles, commerce) de cette région avec la régence d’Alger, et plus particulièrement avec l’Oranie, ont également favorisé la présence kouloughlie au Maroc.
Parmi les plus renommés, on peut citer Hussein Ier Bey, fondateur de la dynastie tunisienne des Husseinites qui régna pendant 252 ans sur le pays.
Les Turco-janissaires en Tunisie constituaient traditionnellement une élite privilégiée qui occupait des postes au sein de l’armée et de la bureaucratie. Cependant, au xixe siècle, les mariages avec la population locale lient les familles dirigeantes à des notables autochtones. À cette époque, de nombreux Turco-janissaires se tournent également vers le commerce et l’artisanat, initialement dans le souk El Trouk (souk des Turcs), où un nombre considérable de marchands d’ascendance turco-janissaire émergent. Les Turco-janissaire entrent également dans le corps des artisans. La famille Ben Romdhan, d’origine turco-janissaire, revendique une grande partie des familles tunisiennes de Mahdia, telles que les familles Hamza, Turki, Kazdaghli, Agha et Snène. Parmi les autres familles tunisiennes d’origine turco-janissaire figurent les Bayram, Belkhodja, El Materi, Sfar, Osman, Mami et Slim.
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