Les Accaras ou Akkaras (en arabe : عكارة) forment une confédération de tribus installées dans la région de Zarzis, en Tunisie, depuis la fin du XVIᵉ siècle. D’après les sources, l’origine ethnique des Accaras reste débattue : certains les décrivent comme des tribus arabes, d’autres comme des Berbères arabisés, reflétant la complexité de leur histoire culturelle et de leurs influences.
Histoire et Origine
Les Accaras auraient quitté le Maroc pour des raisons inconnues, avant d’entamer une migration vers l’est. Après un passage dans le sud de l’Algérie, ils se sont installés dans le Sahel tunisien. C’est là qu’une partie des tribus décide de se diriger encore plus au sud. Ce déplacement fut dirigé par Sidi Khalifa Al-Sayah, une figure charismatique qui mena les Accaras jusqu’à Ben Gardane, où se trouve encore son mausolée, un lieu de mémoire pour cette communauté.
À leur arrivée à Ben Gardane, les terres qu’ils occupèrent avaient été abandonnées par la tribu nomade des Nouails. Pour renforcer la sécurité des Accaras dans cette région de frontière et les protéger des tribus voisines, Ali II Bey, le souverain de Tunis, fit construire une forteresse vers 1760. Ce geste témoigne de l’importance stratégique de cette région et du rôle croissant des Accaras en tant qu’agriculteurs dans le paysage socio-économique local.
Vie économique et agricole
Pendant un siècle, les Accaras se consacrent essentiellement à l’agriculture. Cette transition vers une vie sédentaire et agricole marque un tournant dans leur histoire, leur permettant d’établir des liens économiques et sociaux durables avec les autres communautés de la région. Leur rôle en tant qu’agriculteurs a contribué à la stabilité et au développement économique de ce sud tunisien, autrefois principalement peuplé de nomades.
Composition de la Confédération
La confédération des Accaras est composée de plusieurs tribus aux origines diverses, qui se sont unies sous cette appellation commune. Les principales tribus incluent :
- Al Mouansa (arabe : الموانسة)
- Al Khalayfiyya (arabe : الخلايفية)
- Al Zaouiyya (arabe : الزاوية)
- Ouled Abd Al-Dayem (arabe : اولاد عبد الدايم)
- Ouled Bouali (arabe : اولاد بوعلي)
- Ouled Emhamed (arabe : اولاد امحمد)
Ces tribus ont non seulement partagé des ressources et des terres mais ont également forgé des alliances qui leur ont permis de maintenir leur cohésion face aux défis sociaux et environnementaux de la région. Ensemble, elles incarnent l’histoire riche et complexe de cette région de Tunisie, contribuant à la diversité culturelle et à l’héritage historique du pays.
Aujourd’hui, les Accaras et leurs descendants perpétuent cette mémoire et cette identité culturelle, continuant de jouer un rôle dans le tissu socio-culturel de la région de Zarzis et de Ben Gardane.
Salem Labiadh et l’Héritage des Accaras : Une Exploration Sociologique et Historique
Salem Labiadh (arabe : سالم الأبيض), sociologue et homme politique tunisien, explore l’histoire et l’identité de la tribu des Accaras dans son dernier ouvrage, الكتاب يجدد النقاش حول قبيلة العكارة (Le Livre qui Relance le Débat sur la Tribu des Accaras). Né à Zarzis en 1964, Labiadh est un spécialiste de la sociologie tribale et de l’identité dans les pays du Maghreb. Avec une maîtrise en sociologie obtenue en 1992 et un doctorat en 1999, il a enseigné dans le secondaire avant de rejoindre l’université de Tunis, où il est devenu professeur de sociologie. Outre ses contributions académiques, il a également été ministre de l’Éducation dans le gouvernement Ali Larayedh en 2013 et a siégé à l’Assemblée des représentants du peuple, représentant la circonscription de Médenine.
Dans son livre, Labiadh analyse en profondeur les racines et les mythes entourant les Accaras, une tribu présente en Tunisie, au Maroc, en Libye et jusqu’au Levant arabe. Il y aborde l’origine du nom « Accaras », les légendes de fondation, et l’ascendance ethnique du groupe, ainsi que les ancêtres supposés qui auraient établi cette tribu. Il examine aussi les Accaras de Zarzis et la composition des sous-groupes (ârouch), dont certains sont des lignées originelles tandis que d’autres se sont greffées au fil de l’histoire. Labiadh met en lumière les relations entre ces différents rameaux des Accaras, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de leur rôle historique et de leur identité dans le paysage maghrébin.
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